Le bois usager

Léon Drouyn - Les albums de dessins n°3 -Editions l'Entre-deux-Mers

Robert AUFAN

Autre ressource le bois : il était réservé aux usagers (ayant ou non ayant-pins) pour construire leurs maisons. C’étaient des syndics, élus par les communautés paroissiales, (la seigneurie du captalat de Buch en comptait 3 : La Teste, Gujan et Cazaux), qui désignaient les arbres à abattre avec une rotation sur toutes les parcelles afin qu’aucun ayant-pins ne soit lésé.

C’est ce système de cueillette pied par pied qui, aménageant des trouées, permettait à la forêt de se régénérer d’elle-même et ainsi de se perpétuer ; d’autant que les règles étaient strictes, le bois ne pouvait sortir du Captalat, il était interdit d’en faire commerce et l’on devait couper « en bon père de famille ».

Cette ressource a été depuis toujours un élément indispensable de la vie des habitants et si, de nos jours, les cubages délivrés sont très faibles à cause de l’évolution de la construction et surtout des conflits qui se sont développés depuis 40 ans, ces droits d’usage restent ancrés dans les mentalités et personne n’a pu encore les faire disparaître, c’est l’aspect culturel de cette forêt.

Outre le pin, pour lequel il fallait une autorisation, les usagers avaient librement accès aux chênes et aux autres espèces pour tous leurs besoins, à l’exclusion du chauffage auquel on réservait le bois de pin « mort, sec et abattu ». Cependant, comme la coupe des taillis de chênes nettoyait la forêt, les ayant-pins ont souvent toléré que les usagers les coupent pour leur chauffage.

C’est ainsi qu’autour de la gemme et du bois se développèrent des activités artisanales liées à la construction navale mais aussi au transport de la résine ou du vin (barriques).

Mais au XVIII° siècle, les coupes de chênes avaient atteint un tel niveau que la moitié de la forêt fut mise en réserve.

Il faut enfin, parmi les activités disparues, mentionner l’élevage extensif des bovins qui s’est maintenu jusqu’après la seconde guerre mondiale : les troupeaux pacageaient librement on ne les réunissait dans les clairières, dans un enclos appelé « barguère », que pour les nécessités du marquage.

De l'élevage de sous-bois

Léon Drouyn - Les albums de dessins n°3 -Editions l'Entre-deux-Mers

Il y avait, en 1863, 15 troupeaux forts de 1200 vaches. On trouvait aussi des cochons sauvages car les propriétaires jouissaient d’un droit de glandée et parfois des chèvres (pourtant interdites).
L’avantage de ces troupeaux, c’est qu’ils produisaient une fumure naturelle contribuant ainsi à la fertilité d’un sol qui, couvert de feuillus, donnait déjà un humus doux ce qui explique la luxuriance du sous-bois.

De ces activités passées, il ne reste que la forêt, malheureusement désertée et livrée à elle-même depuis ces quarante dernières années :

• le gemmage a disparu, ainsi que les revenus des ayant-pins,
• l’usage est tombé en désuétude ne subsistant que par la volonté de quelques uns

Mais cette forêt usagère, est toujours là.
Ces 3860 hectares de forêt sont protégés des coupes rases par son statut unique en France et des appétits extra forestiers par toute une série de mesures administratives : espace boisé classé à conserver, puis site inscrit, puis site classé et enfin site Natura 2000.

Pour plus de détails sur les caractéristiques et l’histoire de cette forêt, voir les sites:

-r.aufanforetusagere.free.fr
-les produits resineux.free.fr