Présentation générale des moulins

Léon Drouyn 1848 moulin de La Teste - Les albums de dessin - Vol 3 - Editions de l'Entre-deux-Mers.

Michel HUGUE (président Mios Culture Loisirs)

Depuis que l’homme s’est sédentarisé, il a cherché à broyer les céréales pour en retirer de la farine et en faire du pain, base de sa nourriture depuis des millénaires. Au commencement, ce travail strictement manuel consistait à écraser les grains entre deux pierres ou grâce à des pilons ou des mortiers. Cette activité fondamentale pour la survie des populations a bénéficié, dès leur apparition, de toutes les évolutions techniques permettant d’obtenir de l’énergie autrement que par le travail des hommes. C’est ainsi que, après l’emploi des animaux pour faire tourner les meules, les premières « machines » utilisant des sources d’énergies naturelles, furent les moulins à farine mues par le vent ou l’eau (les premières traces historiques remontent au roi de Pont « Mithridate le grand » 111-63 avant J.C.)

Bien que l’invention du moulin à eau soit un énorme progrès technique, il faudra attendre plusieurs siècles pour qu’il se généralise car, dans l’antiquité, les maîtres possèdent une main d’œuvre abondante : les esclaves. C’est la fin des grands systèmes esclavagistes associés à l’augmentation des populations et des surfaces emblavées qui sont les causes du développement des moulins à eau.

En France, le nombre des moulins à eau connaît une extension énorme au Moyen Age, entre le Xe et le XIIIe siècle. On en dénombrait presque 100 000 au début du 19e siècle dont l’immense majorité correspond à des moulins à eau de rivière à vocation meunière. Le seul département des Landes comptait, en 1811 prés de 700 moulins.

Pour notre Pays de Buch, à faible déclivités, les moulins se développent principalement le long des cours d’eau se jetant dans l’Eyre (1) ou directement dans le Bassin d’Arcachon. On trouve également quelques moulins à vent sur les bords du Bassin (Gujan, Arès,…) et sur les points hauts (Croix d’Hins, La Vignolle de Salles,…). Sur l’ensemble du bassin de l’Eyre (communes de Biganos à Moustey-Mano), on dénombre près de 84 moulins à eau dont 3 de forge et 1 pour usine de verre et plus de 13 moulins à vent (2).

Si leur nombre est, à première vue, important, il faut le nuancer par l’irrégularité fréquente de leur activité. Beaucoup ont un rythme de fonctionnement saisonnier, tributaires des contraintes climatiques. Alimentés par des ruisseaux au débit très faible, nos moulins à eau sont sensibles aux déficits de précipitations estivales et ne fonctionnent, en pratique, qu’en automne et en hiver. Quant à nos quelques moulins à vent sur les bords du Bassin, entre le calme plat et la tempête, les périodes propices à la mouture sont pour le moins aléatoires.

Au plan technique, nos moulins à eau sont, presque tous, équipés de roues horizontales comme la majorité des moulins de la France du sud. (3). Plus simples et plus rustiques, ce sont les mieux adaptés à nos petits ruisseaux qui ont peu de hauteur de chute hydraulique.

Dans notre pays où la pierre dure est absente, il fallait faire venir les meules en silex ou en grès de Bretagne ou du centre de la France, ce qui en augmentait considérablement le coût. L’arrivée des turbines et des cylindres qui se substituent aux meules de pierre et surtout la machine à vapeur puis l’électricité, porte un coup fatal aux moulins traditionnels qui laissent la place aux minoteries.

(1) Ils sont tous placés sur des affluents car la rivière principale est navigable et parcourue par des trains de radeaux portant des billes de bois.

(2) Inventaire des moulins du bassin versant de l’Eyre réalisé par M. et Mme Meiresonne dans le cadre d’une étude pour le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne.

(3) Thèse du professeur Claude Rivals de l’université de Toulouse publiée en 1984 sur « les divisions géographiques de la France indiquée par une analyse de l’état des moulins en 1809 ».