XVIIIᵉ siècle

Joël CONFOULAN

1708 Masse

Au XVIIIᵉ siècle, les dénominations locales ont changé. Désormais, il y a un "Cap du Ferret" (la première fois que cette appellation voit le jour, au moins sur une carte locale), des Passes du Papon et un Bassin du Pilat. Les cartographes suivants vont donc s'en inspirer. Mais il faudra attendre l'oeuvre de Cassini pour voir - presque - aussi précis.

A noter que les bancs de sables s'étalant du "Cap du Ferret" vers le Sud sont suffisamment nombreux et consistants pour être qualifiés de "Battures".

Reproduction de la mention centrale de l'extrait de la carte: "BATTURES ou la grande BARRE qui est des bancs de sables mouvants, la Mer y est presque toujours agitée et il ne découvre qu'en malines : les habitants du pays assurent que ces bancs étaient autrefois couverts de dunes que la mer les a emportés"

Cette situation appelle plusieurs commentaires:

1- La zone de battures se prolonge pratiquement sur 3500 m env.

2- De mémoire d'homme, elle a déjà été occupée par de véritables dunes. Ce qui ramènerait aux années 1670 - 1680. Il semblerait qu'il s'agisse de "l'île de la Pile" mentionnée à plusieurs reprises dès 1617 par Salomon Rogers jusqu'en 1696 par Coronelli . Elle sera débaptisée par de nouvelles inspirations en "île de Terray" ou de "Ternay". Donc, depuis au moins un siècle avant les relevés de Masse, il y a toujours eu un banc de sable au milieu des passes suffisamment important pour recevoir la qualification d'île par les géographes.

3- La passe Sud, dite de Papon ou Grande Passe ou Chenal, semble avoir eu une longue carrière (débouché...) au moins depuis le temps des premières cartes un tant soit peu détaillées.

4- Conclusion: cette configuration, rassemblant les situations suivantes, va perdurer jusqu'aux environs de 1800, soit pendant presque deux siècles: un Cap-Ferret juste un peu au Sud du promontoire d'Arcachon (Cap Brunet), une véritable île au milieu des passes (bien que disparue au moment du relevé de Masse mais reconstituée par l'île de Terray), une zone entre ces deux sites qualifiée de turbulente et encombrée d'un agglomérat de bancs ayant causé très probablement de nombreux naufrages, une passe au Sud permanente et un Bassin du Pilat.

(Voir le chapitre "évolution permanente" pour découvrir comment l'île de Matoc a fusionné avec le Cap-Ferret et quelles en furent les conséquences.) (chapitre en cours de rédaction)

1714 DeLisle Guillaume

1714 Extrait de la carte de Delisle (Gallica BNF) (Carte du Bourdelois du Périgord et des provinces voisines). Représentation minimaliste qui va contraster avec celle de Cassini...

1752 VAUGONDY Gilles

Une copie de la précédente. En couleurs. Cassini fera mieux et plus tôt!

1750 CASSINI

Arrive l'époque révolutionnaire de la représentation de la terre: celle de CASSINI de THURY (voir module cartographie).

Il y est indiqué: "Balise du Pilat qui servent aux marins pour entrer dans la passe du Sud". Un chemin y conduit à travers la forêt de pins.

La même belle carte en couleurs.

1757 Brion de Latour

1757 Extrait de la carte de Brion de LaTour (collection privée).Les balises terrestres guidant les marins pour traverser les passes au Sud sont toujours mentionnées.

1768 de KERNEY

Cette carte est la première des 8 assemblées par Caspari en 1872 pour établir une comparaison au cours des années (source Gallica-BNF).

Sur chacune (à quelques exceptions près...), y sont mentionnés des points géodésiques et/ou amers (existant en 1872) permettant d'apprécier l'évolution de l'ouvrant, du Cap-Ferret et du rivage au sud. (voir XIXᵉ siècle)

A noter que le "Bassin du Pilat" se trouve désormais enchâssé dans le champs de dunes littorales alors qu'il était encore ouvert en 1750 selon les relevés de Cassini.

1786 BELLEYME

Extrait de la carte n° 25. Peu de nouveautés, si ce n'est l'appellation "Passe Nord" qui, mis à part les très belles "caouènes" merveilleusement dessinées, ne paraît pas avoir fait l'objet d'un relevé très précis. D'ailleurs, le dessin des hauts fonds en plein milieu et l'étroitesse des deux passages parallèles n'inspirent pas à faire ce choix de passage a contrario du large Chenal du Techan.
L'île de Matoc reprend sa dénomination choisie par Cassini.