Introduction

Jean-Claude Bergasse

La présence de bateaux dans la petite mer de Buch ne date pas d’hier. Les romains, les normands et bien d’autres y ont mouillé leurs navires. Toutefois la logique voudrait qu’ils n’aient jamais dépassé le rivage de ce qui était hier la Teste et aujourd’hui Arcachon. Les archives font état de la présence en 1243 d’un caboteur le « cavoy d’Arcasson » au travers d’une licence accordée par Henry III Plantagenêt au testerin Pierre Francon. Entre le 13ème et le 18ème siècle les ports n’avaient sûrement pas la même configuration qu’aujourd’hui, mais ce dont nous sommes sûrs, il y avait des marins pêcheurs du fait que le poisson se vendait sur le marché de Bordeaux. (voir histoire des bougès). Par ailleurs la pêche était placée sous l’autorité du seigneur local, le captal, lequel en retirait des royalties. Le Masson du Parc responsable des affaires maritimes royales en visite sur le bassin identifie 20 chaloupes et 250 pinasses (tilloles) dans le bassin en ce début du 18ème siècle. La Teste dispose d’une flottille plus importante comparée à celle de Gujan qui est de 7 chaloupes et un peu moins d’une centaine de pinasses.

"Vue de La Teste prise de la Pointe d'Aiguillon" Léo Drouyn 24 septembre 1850 - Les albums de dessins- Les Editions l'Entre-deux-Mers

Le premier port digne de ce nom sera réclamé par la Teste en 1789 et ne verra le jour que soixante deux années plus tard en 1841. Il sera implanté à proximité de ce que nous appelons aujourd’hui la place de l’église. Le port de la Teste, celui que nous connaissons en 2014, purement artificiel date de la deuxième moitié du 19ème siècle .

Gujan attendra lui aussi la deuxième moitié du 19ème siècle pour construire les siens .A cette époque, Gujan dispose de trois ports au débouché des esteys dont ils prendront le nom. Le port de Gujan le plus ancien en raison de sa proximité par rapport au village, dispose d’une quinzaine de pinasses. C’était le port des ramasseurs de coquillages les boucholeyres ». Par la suite, ce port prendra le nom de passerelle en raison de la présence à proximité d’un établissement de bains. Le port de Mestras, plus connu aujourd’hui sous le vocable de port de la Barbotière en raison de son dancing, était le port dit « des maîtres de barques » seuls habilités à sortir en mer avec un équipage. Ce port au 18ème siècle abritait 7 chaloupes et 60 pinasses. Le port de Meyran, toujours à la même époque, partagea ses activités entre les coquillages et la pêche ; il disposait de 2 chaloupes et 18 pinasses. Ces trois ports sont, avec celui de La Môle, considérés comme des ports naturels mais ce dernier n’eut jamais une grande activité maritime. Contrairement aux quatre autres, la Hume, le Larros et Le Canal, ces ports sont dits artificiels du fait qu’ils ont été aménagés par l’homme. Ce patrimoine maritime a fait de Gujan la capitale de l’ostréiculture mais aussi la ville aux sept ports. Historiquement le port de Larros a été construit en 1882, le port du canal en 1853 (version initiale) et le port de la Hume a été aménagé en 1957 avant de devenir un port de plaisance 10 ans plus tard. Tous les ports de Gujan ne sont plus dans leur définition initiale ils ont tous été réaménagés au cours du 20ème siècle.

Aujourd’hui toutes les communes qui entourent le bassin (Cap Ferret, l’Herbe, Arès, Andernos, Taussat, Lanton, Audenge, Biganos, le Teich, Gujan, La Teste et Arcachon) possèdent un port très souvent orienté vers la plaisance mais, certains conservent encore une petite activité ostréicole. Malgré la disparition des huîtres en 1971 Gujan conserve aujourd’hui la plus grande partie de l’activité ostréicole sur le bassin d’Arcachon…